De gros investisseurs demandent à cinq grandes banques européennes de
cesser de financer de nouveaux gisements de pétrole et de gaz d’ici à
la fin de l’année.
Un groupe de gros investisseurs demande à cinq des plus grandes
banques européennes de «cesser de financer directement de nouveaux
gisements de pétrole et de gaz d’ici la fin de cette année», a annoncé
vendredi l’ONG ShareAction.
Les banques visées sont les françaises BNP Paribas, Crédit Agricole et
Société Générale, la britannique Barclays et l’allemande Deutsche
Bank, selon un communiqué de l’ONG, qui coordonne cet appel impliquant
30 investisseurs dont les gestionnaires d’actifs Candriam et La
Française ou le fonds de pension Brunel.
L’exemple de HSBC
Ces établissements ont été les principaux financiers européens de
compagnies œuvrant à l’expansion de projets d’hydrocarbures entre 2016
et 2021, derrière le géant bancaire britannique HSBC, selon l’ONG.
HSBC a annoncé fin décembre qu’il allait cesser de financer les
nouveaux gisements de pétrole et gaz, une décision qui avait été bien
accueillie par les organisations de défense de l’environnement.
Actionnaires activistes
HSBC est «la plus grande banque mondiale à ce jour» à avoir fait ce
type d’annonce et l’a fait «après des mois de pression continue
d’actionnaires activistes» de plus en plus préoccupés par cette
question, fait valoir ShareAction. Le groupe d’investisseurs, qui gère
au total quelque 1500 milliards de dollars d’actifs, a adressé des
lettres aux dirigeants des cinq établissements visés.
Ils y soulignent notamment que onze des vingt-cinq plus grandes
banques européennes ont déjà restreint le financement de nouvelles
installations pétrolières et gazières, citant, outre HSBC, l’espagnole
BBVA, la néerlandaise ING, la britannique Lloyds et l’italienne
UniCredit.
Réactions
La Société Générale a indiqué à l’AFP avoir renforcé fin 2022 «ses
objectifs de réduction de son exposition au secteur de la production
pétrolière et gazière» tandis que le Crédit Agricole précise avoir
confirmé en décembre ne plus financer «aucun nouveau projet
d’extraction pétrolière».
BNP Paribas dit de son côté avoir engagé la sortie de
l’exploration-production de pétrole, précisant qu’il ne restera en
2030 dans son portefeuille «que le reliquat des crédits à amortir,
soit moins d’un milliard d’euros», et qu’elle «réduira son encours de
30%» pour le gaz. Les autres banques visées, contactées par l’AFP,
n’avaient pas répondu dans l’immédiat.
Procédure en justice
Jeudi, l’ONG ClientEarth avait déposé une procédure devant la justice
britannique visant les plus hauts dirigeants du géant de l’énergie
britannique Shell pour leur gestion «défaillante» des risques du
changement climatique. ClientEarth a reçu le soutien d’un groupe
d’investisseurs institutionnels eux-mêmes actionnaires, qui ne sont
toutefois pas partie à la procédure.