Des inondations historiques ont frappé le Pakistan, faisant au moins
1100 morts. Les témoignages d’habitants et de touristes évoquent une
catastrophe sans précédent.
Il était minuit quand Yasmin Akram et sa famille ont reçu l’ordre de
quitter immédiatement leur hôtel perché au-dessus des eaux azurées de
la rivière Swat, dans les montagnes du nord-ouest du Pakistan.
Quelques heures après, l’établissement était emporté par le cours
d’eau en crue.
Les siens avaient quitté la chaleur estivale de Lahore pour le climat
plus frais de cette région aux paysages verdoyants, appelée la «Suisse
du Pakistan», quand ils ont été pris dans l’une des pires tragédies de
l’histoire de leur pays.
Dans le noir, ils se sont précipités hors de l’hôtel Honeymoon où ils
séjournaient, situé dans la vallée de Kalam. Quelques heures plus
tard, à l’abri sur les flancs d’une montagne, ils l’ont vu s’effondrer
et disparaître dans les eaux torrentielles de la rivière.
«Pires inondations de son histoire»
Le Pakistan est confronté aux «pires inondations de (son) histoire»,
selon le Premier ministre, Shehbaz Sharif. Elles ont submergé un tiers
du pays, fait plus de 1100 morts depuis le début de la mousson en juin
et affecté plus de 33 millions de personnes.
«C’était le chaos, tout le monde se ruait pour sauver sa vie», a
raconté Yasmin, 53 ans, mardi à l’AFP, après avoir été évacuée à
Mingora, la plus grande ville du district de Swat. «On a entendu de
grands boums et ensuite j’ai vu l’hôtel submergé par l’eau. Le bruit
de l’eau était tellement fort. C’était comme si quelque chose avait
explosé».
Dans la panique générale, elle a eu la tristesse de voir une mère
lâcher son jeune fils, incapable de le retenir. «L’enfant criait, mais
sa voix était étouffée par le flot d’eau. Sa mère essayait de le
sauver, mais elle ne pouvait pas», s’est remémorée Yasmin, étreinte
par l’émotion.
Le garçon compte parmi les 21 victimes recensées jusqu’ici dans la
région en raison des inondations, la plupart tuées dans l’effondrement
de leurs maisons. Le récit de cette nuit terrible du 25 août n’a
commencé à circuler qu’après que les clients de l’hôtel et autres
touristes ont été évacués en hélicoptère, devenu le seul moyen d’accès
aux vallées reculées de la région.
L’eau commence à baisser
Tout au long de la rivière Swat, on peut voir les restes de ponts
détruits, de routes coupées et d’hôtels encore cramponnés à ses
berges. L’eau a depuis commencé à baisser, mais il faudra sans doute
plusieurs jours avant que des liaisons terrestres avec les grandes
villes alentour puissent être rétablies.
Junaid Khan, un haut responsable administratif du district de Swat, a
indiqué à l’AFP que près de 200’000 personnes restaient ainsi coupées
du reste du pays. Environ 600 touristes ont été évacués,
principalement par les hélicoptères de l’armée, la priorité allant aux
malades, aux femmes et aux enfants.
«C’est comme si j’avais une seconde vie»
Des milliers de cartons d’aide alimentaire ont déjà été délivrés,
certains jetés depuis les hélicoptères quand l’afflux de personnes au
sol se précipitant pour obtenir de l’aide empêchait ceux-ci
d’atterrir. Pendant plusieurs jours, avant d’être évacués, Yasmin, son
mari, qui a une maladie des reins, et leur fille de douze ans ont été
recueillis par des habitants dans différentes maisons, plus à l’écart
de la rivière en crue. Leurs deux fils adultes sont restés sur place,
ne pouvant immédiatement être évacués.
Même si les touristes savaient que les précipitations de la mousson
peuvent être dangereuses dans les montagnes, ils ont été surpris par
l’intensité des flots. «C’est comme si j’avais une seconde vie», a
apprécié Yasmin après avoir été déposée sur un aérodrome, en sécurité.