Jesús Murillo Karam, ancien procureur général du Mexique, sera jugé
dans l’affaire de la disparition de 43 étudiants en 2014. C’est lui
qui avait supervisé l’enquête..
L’ancien procureur général du Mexique, Jesús Murillo Karam, sera jugé
par un tribunal pénal pour la disparition de 43 étudiants en 2014, une
affaire emblématique qui avait largement dépassé les frontières du
pays, a décidé mercredi un juge mexicain. Rattaché au cabinet
présidentiel à l’époque, Jesús Murillo Karam sera poursuivi pour
«disparitions forcées, torture et obstruction à la justice», a indiqué
à la presse le Conseil fédéral de la magistrature (CJF).
Lors d’une comparution, Jesús Murillo Karam a défendu l’enquête
controversée sur la disparition des 43 étudiants de l’école normale
d’Ayotzinapa dans l’État du Guerrero dans la nuit du 26 au 27
septembre. En détention préventive depuis vendredi, il a également
défendu la «vérité historique» dans l’affaire d’Ayotzinapa, pointe
visible de l’iceberg des 100’000 disparus au Mexique.
Cette «vérité» historique ne mentionne pas la participation des forces
de sécurité. Publié la semaine dernière, un rapport d’une commission
gouvernementale dénonce à l’inverse «un crime d’État» avec la
participation des militaires.
Enquête redémarrée de zéro
Jesús Murillo Karam a été arrêté vendredi, au lendemain de la
publication de ce rapport. Il avait exercé ses fonctions sous le
président Enrique Peña Nieto (2012-2018). Il s’agit de la plus
importante personnalité arrêtée jusqu’à présent dans le cadre de ces
investigations, qui avaient redémarré de zéro après l’arrivée au
pouvoir en 2019 du président de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador.
Le parquet a également lancé des mandats d’arrêt contre 64 policiers
et militaires, ainsi que 14 membres du cartel de narcotrafiquants
Guerreros Unidos.
Les étudiants de l’école de formation des maîtres d’Ayotzinapa étaient
allés jusqu’à la ville proche d’Iguala pour «réquisitionner» des
autobus afin d’aller à Mexico pour une manifestation. Selon l’enquête
officielle en vigueur jusqu’à présent, les 43 jeunes ont été arrêtés
par la police locale en collusion avec le gang Guerreros Unidos puis
tués par balles et brûlés dans une décharge pour des raisons qui
restent obscures. Seuls les restes de trois d’entre eux ont pu être
identifiés.
Jeudi, le rapport officiel publié par la «Commission pour la vérité
Ayotzinapa» mise en place par Andrés Manuel Lopez Obrador avait estimé
que des militaires mexicains avaient une part de responsabilité dans
ce crime, l’un des pires cas de violations des droits humains au
Mexique où l’on compte quelque 100’000 disparus.