
FARDC soldiers deployed in Kibumba, last position before entering into M-23 controlled zone, the 1st of September 2012. © MONUSCO/Sylvain Liechti
Beaucoup de Congolais ignorent encore les arrangements financiers occultes qui ont longtemps lié la République démocratique du Congo (RDC) au Rwanda et à l’Ouganda.
Après l’accord de Sun City, la présidence sous Joseph Kabila avait accepté de verser mensuellement 66 millions de dollars au Rwanda en guise de « compensation » pour son implication militaire dans la chute du régime de Mobutu Sese Seko. Cette somme était considérée comme une récompense pour les soldats rwandais ayant perdu la vie en RDC.
En 2013, dans le but d’apaiser les rebelles rwandais du M23, la RDC avait consenti à verser 2 millions de dollars par mois au Rwanda et à l’Ouganda, soit 4 millions de dollars au total, officiellement destinés à « l’encadrement » de ces combattants.
Mais en 2021, tout bascule : Félix Tshisekedi, fraîchement installé à la présidence, met fin à ces paiements. Face à ce refus de continuer à alimenter les caisses rwandaises et ougandaises, ces deux pays décident de se retourner contre lui.
Les autorités congolaises ont alors été mises en garde : si ces versements ne reprenaient pas, le Rwanda et l’Ouganda n’auraient d’autre choix que d’attaquer la RDC. Une menace qui s’est concrétisée sous la couverture du M23, réactivé comme bras armé de Kigali et Kampala.
C’est précisément pour cette raison que le président Félix Tshisekedi refuse toute négociation directe avec le M23. Car cela impliquerait non seulement de reconnaître ces revendications, mais surtout de rétablir ces paiements occultes et de se soumettre à de nouvelles exigences rwandaises et ougandaises.
Un combat qui, au-delà du terrain militaire, se joue aussi sur le plan diplomatique et économique, mettant en lumière les véritables enjeux de la guerre à l’Est.
✍ GN/MAE