
Rien de tel qu’un ennemi commun pour ressouder les rangs : l’Iran, ses ambitions régionales et nucléaires, sont la principale raison pour laquelle on assiste à un rapprochement spectaculaire, mais aussi prudent, entre Israël et l’Arabie…
En pleine guerre en Ukraine, le pétrole avant tout
De leur côté, « les Saoudiens ont bien compris que les Etats-Unis ont tourné la page et que les intérêts stratégiques et pétroliers et dépassent la personne d’un journaliste assassiné d’une manière atroce », continue-t-il. Comme toujours en géopolitique, la realpolitik prévaut sur les grands principes. « Je ne crois pas que Biden mange son chapeau dans cette affaire », nuance Salam Kawakibi. « L’intérêt supérieur de la nation prévaut toujours. » Et en pleine guerre en Ukraine, les priorités sont ailleurs. C’est-à-dire du côté du pétrole saoudien.
Les prix à la pompe s’envolent partout et comme gros producteur, l’Arabie saoudite peut pomper davantage pour les faire redescendre. Jusqu’à présent, Riyad a été réticent. Pourtant, les Etats-Unis n’ont pas réellement besoin du pétrole saoudien pour leur propre consommation. « Mais ils opèrent leur retour sur la scène européenne, pour rompre l’isolement de la période Trump. Ils essaient de faire pression sur l’Arabie saoudite pour contribuer à la baisse des prix du pétrole, notamment en Europe. C’est un service rendu à l’Europe de la part de Biden », estime le chercheur Centre arabe de recherches et d’études politiques.
« Les Saoudiens retiendront certainement de cette réunion que le pétrole et l’influence ont prévalu, que la réhabilitation de MBS est presque terminée et qu’en évitant d’expliquer ou de rendre des comptes pour Khashoggi, les Saoudiens se sont tirés d’affaire », analyse Aaron David Miller.